26 août, 2005

Gants blancs, charme et cha-cha-cha…

Aux yeux de mes amis, je passe pour un amateur de refrains surannés, d'airs désuets, de standards lustrés par le temps, ignorant l'essentiel, ou presque, des musiques et des sons d'aujourd'hui. Si je ne suis pas certain d'avoir délibérément entretenu cette idée, il me semble n'avoir rien fait pour la démentir tant il est vrai que la grâce infinie des chansons d'autrefois m'ensorcelle à part égale du sentiment que m'inspirent celles-ci de surgir d'un monde oublié et probablement révolu. Un monde où il ne m'aurait pas été si difficile de m'amuser, où j'aurais pris plaisir à écouter le soir, sous un ciel de tropiques, de la musique de dancing en me laissant bercer par le frôlement des couples de danseurs. Un monde que je crois avoir approché, vers la fin des années soixante-dix, au “Miami Beach” à Aqaba, un night-club fait de pauvres planches dont la piste donnait sur la plage, où j'allais écouter chaque soir de la musique déjà datée en savourant des boissons fraîches et des grains de raisins pelés servis sur de la glace.
Notre plaisir ne serait-il qu'affaire de température ? Où règne le froid, s'amuser ne revient peut-être qu'à se réchauffer un peu, à tenter de s'accaparer un moment la moiteur du monde. Au sud, où la paresse est la règle et l'agitation l'anomalie, il s'agit au contraire de ne pas se liquéfier davantage, de rafraîchir son corps et son esprit dans le courant immobile d'un temps qui semble s'être arrêté de passer et que vient malgré tout rythmer la musique. Peut-être est-ce cette atmosphère, à nulle autre pareille, que pensait dépeindre Christophe, en trois mots : « Gants blancs, charme et cha-cha-cha… ? »



Example
Dexter Johnson

À Dexter Johnson*, ces trois mots vont comme un gant justement. Accompagné le plus souvent par le Superstar de Dakar, cet incomparable souffleur sénégalais dérobe à son sax de langoureuses rumbas qui rappellent combien le temps est volatile et passager l'amour. À l'écoute de ses mélopées arrangées en longues déclarations sentimentales, une évidence prend corps : avec Sangomar, vol. 1 et Sangomar, vol. 2, Dexter Johnson a donné sa forme parfaite à notre mélancolie.

Ici, la beauté va s'asseoir sur vos genoux :
  • Bolero (Serie Sangomar, vol. 1 - Dakar Sound - 1998)
  • El Corason (idem)
  • Seul (Serie Sangomar, vol. 2 - Dakar Sound - 1999)
* Merci à l'ami Aduna, grâce auquel je l'ai découvert…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher Fernet-Branca

Merci pour le petit remerciement et pour ces magnifiques morceaux.

Avez vous écouté le superbe Cha-Cha dernièrement posté sur Benn Loxo du Taccu? Quand indépendance rimait avec espoir. Toute une époque!

Amitiés

Aduna