17 août, 2005

Lagarde et Michard

La Cadillac… en balade, que se passe-t-il ? Le débat enfle, la polémique fait rage. Les uns s'agitent, les autres s'énervent, on s'invective ici et là. Anathème, excommunication, il s'en faut de peu que volent les noms d'oiseaux. En cause, les compilations, décidément factrices de troubles, dont les thuriféraires, on le voit, sont montés au créneau passé le premier vent contraire.

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En ce qui me concerne, je persiste et signe et suis tenté de les renvoyer tous dos à dos. Ils font, avec la musique, ce qu'en aucun cas ils ne feraient avec le cinéma - objet de leurs amours - non plus qu'avec les livres qu'ils admirent ? Les imagine-t-on graver des DVD de leurs plans préférés, des séquences qu'ils chérissent par dessus tout. Consacreraient-ils autant de temps à compiler tels chapitres de romans qui les ont émus, se satisferaient-ils d'éditions expurgées ? Que vaudrait À la recherche du temps perdu réduite à ses meilleures pages, un Voyage au bout de la nuit expédié en deux ou trois morceau de bravoure, un chef-d'œuvre de la bande dessinée ramené à deux ou trois cases, les plus inspirées ? Ne cherchez pas ! Ils seraient les premiers à crier au scandale, à dénoncer saccage et vandalisme, exploitation et trahison. Faites l'expérience ! Demandez-leur de vous faire découvrir, non pas le film qu'ils préfèrent, celui qu'ils aimeraient avoir fait, mais seulement les dix minutes qui leur semblent les plus intéressantes. Ils n'hésiteront pas à vous agonir d'injures, à invoquer le ciel, la raison, l'art…
Pour la musique, il en va tout autrement. Les voici mués en Lagarde et Michard, autorisés - par quel miracle ? - à tous les tripatouillages, à toutes les tambouilles possibles et imaginables…
Et comme je ne suis pas à une contradiction près, voici deux propositions de compilations. La première, Tezeta, Ethiopian Blues & Ballads, pour dire encore une fois combien est merveilleuse toute la série des Éthiopiques, incomparable travail d'exhumation de splendeurs sans lequel l'oubli menace.

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La seconde, Hot Women • Women Singers From The Torrid Regions Of The World, Taken From Old 78 RPM Records, pour remercier Robert Crumb, génial compilateur de musiques populaires enregistrées des années 20 et 30, d'avoir rassemblé et publié ces 24 superbes vieilleries.

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Attention, c'est là que ça se passe !

Altèlèyèschegnem (1971, Alèmayèhu Eshèté - Tezeta, Ethiopian Blues & Ballads, Buda Musique)
Blues nègres (Louisiane 1934, Cleoma Falcon - Hot Women, Women Singers From The Torrid Regions, Kein & Aber Records)
Mexico en una laguna (Mexique, 1930's, Lidya Mendoza - idem)

10 commentaires:

Anonyme a dit…

estem...se que no deberia comentar en español, pero por que este blog se llama fernet branca?

Fernet-Branca a dit…

Compañero,

La repuesta esta aqui : http://fernetbranca.blogspot.com/2005/06/souvenir-souvenir.html

Hasta Luego

Anonyme a dit…

Quelle polémique! j'en rajoute... je suis tout à fait d'accord avec vous sur la qualité de la série des "Ethiopiques". Connaissez-vous la série des "Dakar Sound"? (http://www.dakarsound.nl)
Pas mal non plus!

Et si c'est ça les compilations, alors Vive les compil'

Bravo et merci

Cordialement

aduna

Anonyme a dit…

"Voyage Au Bout de La Nuit" et "A La Recherche du Temps Perdu" expédiés en deux trois morceaux de bravoure, se réduiraient sans doute à deux longs poèmes magnifiques.
Je n'ai lu que deux des tomes d'"A La Recherche" et je prendrais sans doute mon pied à en lire un medley littéraire, tout en trouvant que se plonger dans l'oeuvre de Proust dans son ensemble est tout même une expérience sans aucune mesure.

En tout cas c'est un défi intéressant à relever.

Quant au cinéma, l'argument parait effectivement imparable....Mais je m'offusque guère lorsqu'on utilise les meilleurs morceaux d'un film pour en faire un nouveau. Si cela permet l'expression créatrice d'un artiste j'encouragerais même vivement la chose.

ça peut devenir ( comme pour je l'ai indiqué plus haut pour les deux oeuvres littéraires cités ) un symphonie d'images poétiques. Qu'est ce donc "Histoire(s) du cinéma" de Jean Luc Godard, sinon une compilation d'images qu'il emploi dans un but Historique, politique, poétique ou théorique?

ça peut également devenir des grands moments de comédie comme "Les Cadavres ne portent pas de costards" ou bien ce fameux film culte "Le Grand Détournement: La Classe Américaine." qui piochait dans la carrière des plus grands acteurs américains pour leur faire dire des dialogues pleins de non-sens. Un film bêtement dédié à Guy Debord qui pratiquait avec ses potes situationnistes l'art du détournement à des fins politiques.

En dehors de ça on peut conclure en disant que finalement la compilation n'est en soit pas une calamité, tout dépend de ce que l'on garde des oeuvres originales. "Trahir" ou "Rendre Hommage".

Ps: Effectivement les compilations Ethiopiques sont vitales pour l'Histoire de l'art. Je me souviens d'un été à Ales, où deux passionnés de musique me firent découvrir ce rock endiablé, avec nostalgie et émotion.

Ps2: Encore de nouveaux lecteurs/auditeurs, le succès, le succès !!

L'Anonyme de Château Rouge
- qui s'apprête à mener bataille contre les moulins à vent ! ( chouette, chouette !! ) -

Fernet-Branca a dit…

hmm… hmm… Comprendre les « Histoire(s) du Cinéma » comme un travail de compilation… je ne suis pas sûr que ça le fasse ! Qu'un script-boy (une exception, pourtant) ne soit pas sensible à l'art du montage - “Montage, mon beau souci” - me laisse un peu rêveur…
Pour le reste - la littérature, de beaux restes en vérité, je préfererais en parler de vive voix avec l'Anonymus de Château-Rouge…
A très bientôt, donc

Anonyme a dit…

Après tout ça, que rajouter dans le débat? Peut être que j'arrive trop tard, et que mes compagnons d'écoute musicale se seront lassés, mais il me semble tout de même qu'il y a un aspect essentiel de ces histoires de compilations qui n'a pas été évoqué: le format.

La musique populaire, qu'il s'agisse du Jazz, du Blues ou du Rock, a commencé, rappelons le, par s'exprimer dans des chansons de deux ou trois minutes, qu'on écoutait le plus souvent en direct, dans un ordre indéterminé. Puis, quand les disques sont apparus, on a gravé ces chansons, les unes après les autres, sur ce qu'on a appelé ensuite des albums, mais qui n'étaient à l'origine rien d'autres que des compilations de chansons (c'est le cas d'ailleurs de tous les artistes des années soixante, dont les premiers Beatles, Elvis ou Peter Tosh - ah ah).

La chanson est l'équivalent, disons, de la nouvelle en littérature, ou du court-métrage en cinéma: est ce quon rechigne devant une bonne programmation de courts, ou devant un recueil de nouvelles? certainement pas!

Il est vrai qu'aujourd'hui, les albums sont pensés comme un tout, et il y en a qu'il paraît difficile de n'écouter que par bribes: mais ce n'est pas le cas pour tous, et notamment, il me semble que Robert Crumb, David Byrne et les compilateurs de ces formidables Ethiopiques l'ont bien compris: une bonne chanson existe aussi lorsqu'elle est séparée de ses soeurs originelles, et elle peut très bien s'adapter à une nouvelle famille...

Salutations aux acharnés de la Cadillac!

affreuxthom a dit…

le revoilà enfin, et il frappe fort !

Anonyme a dit…

L'anonyme de Château Rouge dit:
profil bas au petit punk et d'ailleurs aussi à Fernet.
A force de lutter contre des moulins à vent, l'AdCR a réfléchit. Il veut bien admettre que ses derniers propos étaient franchement faibles. le petit punk l'a tout de même vengé. On enterre la hache de guerre et, si cela vous tente, l'Anonyme de Château Rouge irai bien fumer le calumet de la paix avec vous.
Mais qui est donc ce Lewis même pas Trondheim?
Hugh!
L'Anonyme à Chateau Rouge.

Anonyme a dit…

Voila je retrouve le débat après quelques jours d'absence de la toile. Je tiens tout d'abord à signaler que si le cinéma, la musique et la litterature sont des genres différents c'est comme tels qu'ils faut les considérer. Je comprends le ton de notre cher Fernet après les polémiques rageuse du mois de juillet, mais ne confondons pas tout. Par exemple, il ne faut pas renier le Lagarde et michard comme semble le faire notre ami. C'est un outil de connaissance et d'approche interressant de la littérature, pourquoi une compilation de jazz, reggae, ou rock ne serait pas pour certains l'occasion de découvrir des artiste "sans risque". J'aborde là une question personnelle puisque j'ai acheté la copil jazz de libé.....
De plus, quelle différnce y a til lorsque chez nous nous changeons plusieurs fois de disques pour ecouter, plusieurs titres, ou l'utilisation de logiciels pour le faire d'un ordinateur, et le passage à un support disque pour le faire. Je suis conscient du caractère "télévisuel" (issu du zappage avec la télécommande) d'une telle pratique....
Tout à vos remarques
Le bellevillien Berlinois (et vice versa)

Juan Pablo Alvarez a dit…

Bueno, algo entendi =S, me sorprendi, porque aca en Cordoba Argentina es en el lugar donde mas fernet de toma per capita del mundo, por lo que pensaba que era exclusivo de aca...lo que se aprende...yo por lo pronto del fernet branca hago una religion, del fernet con coca cola...