16 septembre, 2005

Early rock

En partant à la recherche, voici deux ans, de Get With It : Essentials Recordings (1954-1969) de Charlie Feathers, paru sur le label Revenant, je n'en suis pas revenu, justement, de découvrir, en mettant la main sur ce disque tant convoité, que Charlie Feathers et Junior Kimbrough s'étaient coudoyés et qu'il pouvait subsister une trace sonore de cette rencontre. J'aurais bien aimé être une petite souris pour voir ça de mes propres yeux, deux spécimens de sauvagerie comme il ne s'en est pas produit depuis la préhistoire, se humer, se jauger pour finalement taper le carton à la guitare. De toute façon, il existe tellement de lieux et d'époques où j'aimerais être plutôt qu'ici et maintenant que je n'y fais moi-même plus très attention. Quoi qu'il en soit, de Charlie Feathers, je savais peu de choses sinon qu'il avait essayé, vainement, de revendiquer la paternité du rock 'n' roll, injustement attribué, pensait-il au King, devenu Kong [ndlr]. Comme l'avait fait avant lui Jelly Roll Morton avec celle du jazz. Plus classe, le vieux Charlie n'était pas allé jusqu'à l'imprimer sur ses cartes de visites. En avait-il seulement, des cartes de visite ? Imagine-t-on un tyrannosaure proposer sa carte de visite au principe d'évolution qui s'apprête à l'emporter ?

Example

Toute réflexion faite, je pense qu'il n'avait pas tort, Charlie Feathers. Et que le rock 'n' roll lui doit beaucoup ! Peut-être n'en est-il pas exactement le père - tout le monde s'en fiche au fond - mais le rock n'aurait pas été le même sans ces quarante-deux titres essentiels réunis où j'ai dit. En plus Elvis et lui s'étaient croisés, chez Sun Records bien sûr, avant que Charlie ne prenne ses cliques et ses claques, excédé par Sam Philips, le patron, qui tenait absolument à en faire un chanteur de country.

Example

Comment brosser le portrait d'un homme dont la musique, primitive, brute - si possédée que le Bon Dieu lui-même, à supposer qu'il existe, serait bien en peine d'en exorciser les démons - n'a pas d'égale. Faut-il s'en tenir aux rares images que propose le net, à sa belle gueule de cow-boy de cinéma, palimpseste de Chet Baker, James Dean et Jack Palance ? À l'état civil ? Lequel prétend qu'il vit le jour le 12 juin 1932 à Holly Springs pour entrer, un soir d'août 1998, dans la nuit éternelle. Comme je l'ignore, on se passera de portrait !

Il suffit d'écouter, c'est plus simple. Laissez-vous faire ! Et avec un peu de chance, vous arpenterez bientôt les trottoirs de Memphis à la poursuite d'un fantôme dont les rêves sauvages ont été emportés par le vent.


Blind Test du jour


Blind Test du 11 septembre
Mwana Wa Ndigwa - Mbiri Young Stars - The Nairobi Beat : Kenyan Pop Music Today - Rounder


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon cher fernet,
Je l'avoue j'utilise cette page publique à des fins quelques peu personnelles. Je voulais tout d'abord signaler que la cadillac représentait pour moi une valeur sûre pour l'endroit où je me rend, un oasis dans le desert...
Quid de Zenzile...??
a bientot
PS peut être bientot mon propre blog (qui sait...!!!)

Fernet-Branca a dit…

Cher Belleville-Berlin,
J'aurais besoin de tes coordonnées, rapidement. Une de nos amies se rend à Berlin pour six mois et a un peu de mal à se dépatouiller. J'ai pensé que vous pourriez - peut-être - vous entraider… Quand la Cadillac… se fait caravane de l'espoir !
A très bientôt

Anonyme a dit…

Ah les disputes entre bwanas. A qui sera le premier à être "l'inventeur" du rock. Et pendant qu'aujourd'hui encore certain pensent qu'Eminem est le Elvis du Rap, des types assis sur des poubelles chantent la beauté de la Nouvelle-Orléans ( et la connerie humaine. ).
Enfin bon le tout, Fernet, est de ne pas tomber dans le piège. Ce que vous évitez à merveille.
Je donne un bon point à ce loser magnifique qu'a semblé être Charlie Feathers, mais pour rien au monde j'échangerais "Are You Lonesome Tonight" chanté par Elvis en live avec une COMPILATION de Charlie Feathers.

L'Anonyme de Chateau Rouge ( qui a retrouvé son chemin. Oh God, bloody Hell ! )