11 septembre, 2005

Fondu de Fundi

Enfant, j'imaginais le Kenya comme une immense réserve, une contrée inconnue essentiellement acquise aux chasseurs et aux trafiquants d'ivoire venus dilapider les richesses du monde sauvage, territoire fantastique dont j'apprenais à aimer les fastes naturels dans l'encyclopédie La Faune (Éd. Grange Batelière). La brutalité du vivant s'y étalait, à pleine page, en de larges photos où l'on voyait lions et lionnes dévorer zèbres ou gazelles, métaphore parfaite - je ne l'ai su que plus tard - d'un pays, et d'un continent tout entier, l'Afrique, dépecés sans ménagement par un prédateur plus féroce encore que le plus féroce d'entre eux. Aujourd'hui, il en va autrement. J'ai grandi, vieilli, acquis un savoir un peu différent, et me fais du Kenya une autre image. Qui, bien évidemment, passe, aussi, par la musique.

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Comment ai-je découvert Fundi Kondé et ces 17 plages réunies par RetroAfric, label dont le sérieux - seule vraie garantie du plaisir - engage la qualité ? Grâce à Louis Skorecki une fois de plus, inépuisable gisement de découvertes musicales, dont la chronique du disque - parue dans World, revue aujourd'hui défunte - m'avait emballé. « Emballé, c'est pesé ! », comme on dit. Et tout bien pesé, voilà un disque merveilleux où se reconnaissent - quoi qu'on en pense - quelques-une des sources des musiques populaires de l'Afrique d'aujourd'hui. Ce n'est pas rien. Connu comme le premier musicien d'Afrique de l'Est à s'être emparé d'une guitare électrique, Fundi Kondé est resté célèbre pour avoir composé, en 1956, Malaïka, qu'il enregistre avec l'un des plus populaires interprètes kenyans de l'époque, Fadhili William. Ce véritable tube sera repris par la suite par nombre de musiciens africains sans que la paternité du titre lui soit toujours reconnue.

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Fadhili William (à gauche) et Fundi Konde

Ballades, berceuses - imaginez, des berceuses ! Qui en écrit encore ? - calypsos chaloupés et rumbas hypnotiques composent l'essentiel de cette Retrospective (1947-1956), soit dix-sept raretés historiques enregistrées la première fois en 1946 à Calcutta, sur le label indien Dum Dum. Tant qu'on pourra écouter ce genre de choses, rien ne sera tout à fait pourri dans le domaine de la musique enregistrée !

Ici Cognacq-Jay, à vous les studios…
Blind Test du jour (difficile)
Blind Test du 7 septembre : Papa n'a pas voulu - Mireille 1929-1935 - Chansophone

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