06 juin, 2005

Les jolies colonies…!

Mes amis, mes proches, qui pour nombre d'entre eux sont plus jeunes que moi, ne connaissent pas Zao dont la bonne étoile, en terme de notoriété, semble avoir perdu de son éclat. On ne peut que le déplorer et cela à plus d'un titre tant il se joue, sur plusieurs échelles, des choses essentielles dans sa musique. Sur le plan artistique pour commencer puisque Zao, né Casimir Zoba, a tenté d'échapper aux genres dominants de la musique congolaise, le soukouss et la rumba, en proposant une musique qui tangue tout autant mais s'apparente davantage, pour le dire vite, à celle du nigérian Fela Anikulapo Kuti qu'à celle de Seigneur Tabou Ley Rochereau (Congo).

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Il en va de même en termes de production. Alors que les grandes stars de la musique africaine - Youssou N'Dour (Sénégal), ou Ali Farka Touré (Mali) - s'en sont remis aux magnats de la production planétaire - Nick Gold et consort… - pour “sonner” international et livrer aujourd'hui des disques sur-produits, léchés comme des bottes de Commandante, Zao, lui, n'a pas cédé, malgré son passage chez Barclay - ou pas eu l'occasion de céder - à ces tentations. De telle sorte que ses albums (Ancien combattant ; Patron ; Moustique…) ont conservé une candeur et une sincérité qui en font tout le prix à nos oreilles.

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Deux disques en un : Moustique et Patron

On a beaucoup parlé enfin du caractère antimilitariste de ses textes, de l'humour burlesque dont ils sont panachés. Pour incontestables que soient ces qualités, elles ont peut-être vocation à nous divertir de l'essentiel, de vieilles histoires dont nous ne voulons plus entendre parler. Ainsi ai-je l'impression confuse que la dimension véritable des chansons de Zao a quelque chose à voir avec le colonialisme, ou le post-colonialisme, qu'elles ont pour cadre une société qui a été assujettie à une autre, et dont les protagonistes - figures récurrentes du zouave, du tirailleur, bon sens candide de l'indigène - relèvent de l'auto-dérision chantante.

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1914-1918 : soldats venus des colonies (Libération)

Quoi qu'il soit, vous pouvez mettre fin à mes intuitions bavardes avec :

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Juste pour dire que je suis toujours fidèle au poste, et que c'est toujours aussi bien. Hugh!