13 juin, 2005

Médecine pour tous et sieste à volonté

Depuis quelques semaines, chaque Français est fermement invité à se choisir un médecin traitant. Pour s'être occasionnellement confiés à ce sujet, nombreux sont les copains, les amis ou les connaissances que cette injonction met dans l'embarras et qui ne savent à quelles mains confier leurs petits et grands bobos. Pour leur retirer cette épine du pied et les rassurer tous, je leur recommanderais de s'en remettre aux bons soins du Docteur Nico, médecin du corps et praticien de l'âme dont les les baumes et les décoctions peuvent venir à bout de tout désordre. J'en entend déjà - des excités, des impatients, des hypocondriaques - demander où exerce ce bon docteur, s'il est chef de clinique, quel service il dirige et dans quel hôpital. Mais pour ne rien vous cacher, son cabinet n'est pas simple à localiser. Il faut y mettre de l'opiniâtreté, se montrer astucieux. Ne dit-on pas que la guérison dépend pour l'essentiel de l'envie ou de la volonté de guérir, que seul le malade en détient la clef ?

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Docteur Nico à la ville et en studio

Cependant, pour ne pas donner l'impression de vous envoyer chez un parfait inconnu, sachez que Nicolas Kassanda, dit Dr Nico, né au Congo belge en 1939, fût, dans les années 60, interne à l'African Jazz puis médecin-chef à l'African Fiesta, formations dans lesquelles il s'est brillamment illustré en compagnie de ses confrères, Franco et Vicky. Amis de toujours, alliés puis rivaux, ils n'ont cessé, mûs par une fraternelle émulation, de se croiser, de se perdre et se retrouver dans ces quelques orchestres qui ont renouvelé et modernisé la musique congolaise. Ainsi, les retrouve-t-on tous les trois dans une sublime compilation en deux volumes, Slows classiques de la musique congolaise, laquelle - fort de ce principe borgésien selon lequel un article, un texte, une conférence s'adresse à chacun d'entre-nous - m'a été conseillée par l'indispensable Louis Skorecki alors qu'il tenait la chronique Archives dans la revue World, aujourd'hui défunte. Autant prévenir sans plus attendre : ces Slows classiques de la musique congolaise ont changé ma perception de la musique et, faisant suite à d'interminables tâtonnements, m'ont enfin mis sur la voie de ce que je pouvais aimer vraiment.

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Affiche pour un concert de Franco
et le Tout Puissant OK Jazz (Abidjan, 1992)

Les titres à suivre sont donc des slows, danse aujourd'hui passée de mode quand elle n'est pas purement et méchamment raillée. On ne peut que le regretter ! Susurré par des sorciers de la guitare, congolais de surcroît, le slow revêt ici une nonchalance particulière, se mue en art de vivre, et rédige à la volée le plus bel éloge qui soit de de la lenteur et de l'alanguissement. Ce n'est pas tout. Il faudrait écrire un essai, moins admiratif que senti, sur le jeu et le son des grands guitaristes africains, d'une fluidité sans égal, ductile, ensoleillée comme la sieste, en été, sur la véranda.

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Sieste tropicale (Blissfully Yours, Apichatpong Weerasethakul)

Si la clinique est ici

… les remèdes sont là.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo et merci pour ces titres...

aduna

Fernet-Branca a dit…

Votre site n'est pas mal non plus ! Je viens d'en ajouter le lien sur la Cadillac.

affreuxthom a dit…

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